De son vrai nom Fritz Karl WATEL,
d'origine suisse, était maitre
d'hotel et non le célèbre
grand maitre culinaire du siècle
de Louis XIV comme a voulu nous
le faire croire une légende
tenace de trois siècles.
D'abord intendant auprès
de Fouquet, il passe ensuite au
service de la maison de Chantilly
où il est chargé de
l'organisation, des achats, du ravitaillement
et de tout ce qui concernait "la
bouche" au chateau.
Il n'y a en effet aucune preuve
authentique que Vatel fut cuisinier.
Dans "l'Etat de la Maison du
Roi et des Maisons des Princes du
sang" aucune trace de l'existence
de Vatel n'a été trouvée.
Rien ne nous est venu de lui, pourtant
à toutes les époques
presque tous les grands cuisiniers
ont plus ou moins précisement
défini par écrit leur
oeuvre professionnelle.
Le seul document authentique où
soit écrit son nom est une
lettre adressée le 24 avril
1671 par Mme de Sévigné
à Mme de Grignan où
elle dit : "Mais voici ce que
j'apprends en entrant ici, dont
je ne puis me remettre, et qui fait
que je ne sais plus ce que je vous
mande : c'est qu'enfin Vatel, le
grand Vatel, maitre d'hotel de Mr
Fouquet, qui l'était présentement
de Mr le Prince, s'est poignardé".
Dans cette lettre, Mme de Sévigné
nous dit bien, en toutes lettres,
"maitre d'hotel" et à
cette époque, comme aujourd'hui
encore, il y avait une certaine
délimitation entre le chef
du service de la table et l'officier
de bouche, grand maitre des cuisines.
Pourtant, en publiant cette lettre
si précise de Mme de Sévigné,
Louis Nicolardot, le consciencieux
auteur de "l'Histoire de la
Table", commet l'erreur de
citer Vatel comme cuisinier.
Il est pourtant certain que si Vatel
eut été cuisinier,
Carême n'eut pas manqué
de commenter sa fin comme il le
fit pour son maitre Laguipière,
le cuisinier de Murat, mort à
Vilna, au cours de la grande retraite
de Russie. De plus, comme l'a dit
Philéas Gilbert, cuisinier
et collaborateur de P.Montagné
: "En admettant que l'on nous
fournisse un jour la preuve authentique
que Vatel a bien exercé la
cuisine, son suicide sensationnel
n'en démontrerai pas moins
qu'il n'avait pas le caractère
"cuisinier" parce qu'il
ne sut pas se débrouiller
dans une passe critique , qu'il
ne se montra pas à la hauteur
des circonstances".
L'histoire nous rapporte en effet
qu'en avril 1671 le Prince de Condé
confia à Vatel la tache d'organiser
une fête en l'honneur de Louis
XIV avec trois mille invités.
La réception commença
un jeudi soir et fut marquée
par quelques incidents. Lors du
souper le "roti" manqua
à plusieurs tables à
cause de dineurs imprévus.
Le lendemain, à l'aube, Vatel
s'informa de l'arrivée de
la marée pour la table du
jour et apprit que seuls deux paniers
de poissons étaient là.
Après avoir déclaré
: "je ne survivrai pas à
cet affront ci" il gagne sa
chambre, met son épée
contre la porte et appuie à
la place du coeur.
Quelques minutes plus tard les paniers
de poissons arrivent, on cherche
partout l'officier de bouche pour
effectuer la distribution et on
le trouve mort ensanglanté.